Une nativité sobre

« Commencement de la bonne nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu. » Dans l’Évangile de Marc, nous trouvons un Noël sans nativité… Pas de visitation à Marie ni de rêve de Joseph, pas de bergers ni de mages pour être les témoins d’une naissance particulière. Pourtant, Marc est celui qui parle le plus de la famille de Jésus (Mc 3,21 ; 6,3). Adepte du minimalisme, il ne retient que l’essentiel dans son Évangile :

Commencement: Marc fait référence au début de la Genèse, « Au Commencement ». La venue de Jésus est à la fois un nouveau départ et une suite dans l’histoire de la relation entre les humains et Dieu ; une étape nouvelle d’une relation ancienne, une ré- interprétation, un regard neuf et pourtant empreint de fidélité. La Bonne nouvelle de Jésus-Christ est bonne nouvelle de la relation fidèle de Dieu à sa création.

Bonne nouvelle: l’Évangile est une « bonne nouvelle » (en grec, le préfixe ευ- [ev- ou eu-] veut dire « bien » ou « vrai »), un message bénéfique pour les humains. Lors de la création, Dieu disait chaque jour que la création était « bonne » ; ici, la venue de Jésus est bonne. Jésus-Christ, lui-même message, parole de Dieu en chair et en os, Parole « incarnée », est bénédiction pour le monde. Cette parole a la capacité de faire œuvre de création en nous. Cette bénédiction n’a rien de naïf ou d’éthéré, elle passe par l’épreuve et le tragique, qu’elle traverse et transfigure. Elle crée du neuf et transforme. Elle vient rejoindre tout être humain, quelle que soit sa situation, et le remettre en chemin.

Jésus Christ: Cette bonne nouvelle passe par Jésus, cette bonne nouvelle est Jésus-Christ. Il est le Christ, c’est-à-dire celui qui a été « oint », et donc choisi par Dieu pour avoir autorité sur le monde, même si cette autorité n’est pas temporelle ni politique mais spirituelle et transformatrice. « Christ » est la traduction en grec de « Messie », qui est un mot hébreu. Jésus s’inscrit donc dans la tradition messianique, qui exprime le désir des juifs d’être libérés de l’oppression des empires voisins, l’aveu d’impuissance à se libérer eux-mêmes et l’espérance que Dieu interviendra pour les délivrer. La bénédiction est ainsi promesse de libération.

Fils de Dieu: cette dernière expression ne se trouve pas dans tous les manuscrits, certains la remplacent par « fils du Seigneur », d’autres l’omettent. Savoir que Jésus est le Christ peut suffire. Les précisions insistent sur le fait qu’il est fils de Dieu, c’est-à-dire qu’il n’est pas « que » pâte humaine, poussière tirée de la poussière, mais aussi Parole divine, portée par le message qu’il incarne. Qu’il ne peut jamais être enfermé, capté, défini, limité mais qu’il incarne la liberté et l’autorité de cette parole qui est aussi souffle, grand vent balayant nos préjugés et nos emprisonnements, respiration de nos vies.

À Noël, l’essentiel, c’est que Jésus est d’abord bonne nouvelle pour nous, bénédiction, libération, vie. Cette bonne nouvelle transcende les déterminismes de notre monde pour nous ouvrir à l’espérance, la paix, la joie et l’amour.

Claire Sixt-Gateuille

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